Le docteur français Lydie Moronvalle tire la sonnette d’alarme sur la situation des personnes âgées en cette période de confinement due au coronavirus Covid-19.

Photo prétexte – Belga image
Lydie Moronvalle est docteur dans un petit village près de Chartres, à Bailleau-l’Evêque plus précisément. Si aujourd’hui elle prend la parole dans les colonnes de nos confrères de La Voix du Nord, c’est pour attirer l’attention sur un dommage collatéral que pourrait avoir le confinement imposé par les autorités françaises pour lutter contre la propagation du coronavirus Covid-19.
Mardi, « je suis allée voir une patiente dont la fille n’avait plus de nouvelles depuis la veille. Elle pensait qu’elle ne s’alimentait plus et qu’elle était peut-être tombée. Quand je suis arrivée chez elle, la dame était perdue car elle n’écoute pas les informations et ne comprenait pas pourquoi ses enfants, qui font ses courses et remplissent son frigo, ne venaient plus la voir tous les jours. Elle attendait leur passage pour s’alimenter », explique le médecin.
C’est « sur son lit dans le noir, mais heureusement pas déshydratée et sans signe de traumatisme ou de fracture » que le docteur a retrouvé sa patiente. Elle n’a eu d’autre choix que de rappeler les enfants en urgence pour faire manger leur maman.
Depuis que le gouvernement français a décrété le confinement pour enrayer l’épidémie de coronavirus, ce médecin généraliste redoute que les personnes âgées isolées, y compris celles qui bénéficient d’auxiliaires de vie pour l’aide à la toilette et à l’alimentation soient de plus en plus livrées à elles-mêmes. Une crainte qui est transposable en Belgique et dans tous les pays concernés par le confinement. « Des aidants envisagent d’exercer leur droit de retrait, en particulier parce qu’ils n’ont pas de masques de protection, et parmi le personnel soignant, certaines personnes tombent aussi malades », souligne Lydie Moronvalle.
« Syndrome de glissement »
Elle cite encore l’exemple d’une patiente atteinte d’Alzheimer « bien entourée par son fils unique » mais qui souffre d’une pneumopathie et dont l’auxiliaire de vie envisage de faire valoir son droit de retrait. Face à la crainte d’un isolement croissant, le médecin a alerté la mairie, qui a comptabilisé 222 personnes âgées de plus de 65 ans.
« Nous avons organisé une réunion avec les médecins et sectorisé le village : chacun des 14 élus est responsable d’une ou deux rues, et nous contactons par téléphone les personnes les plus âgées et les plus fragiles pour prendre de leurs nouvelles et recueillir leurs besoins », explique Josette Faverot, première adjointe, qui se veut rassurante. Mais pour Mme Moronvalle, l’isolement, plus important depuis ces derniers jours, « a un impact psychologique qui n’est pas souhaitable ». « Certaines personnes âgées ne vont pas mourir du coronavirus mais vont mourir d’autres choses ou se laisser mourir », estime-t-elle, évoquant le « syndrome de glissement ». Selon elle, la crise sanitaire « révèle les failles d’un système déjà très tendu, avec un manque de personnel localement pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes ».
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